Conflit Interne - par Lobalùz - version pdf

Sorbet referma sans bruit la porte de sa chambre et se dirigea vers son lit. Il ne marchait pas trop droit. La soirée avait été bien arrosée : Link et Godhan y avaient soigneusement veillé. Entre les bras de fers avec les clients, les démonstrations de duels à l'épée et surtout les « tournées du patron » que ces sales mômes avaient proclamées à l'insu de son plein grès, le temps avait passé très vite et la nuit était bien avancée. Ciela dormait depuis longtemps... il ne devait pas la réveiller... Le lit gémit lorsque Sorbet l'écrasa de sa masse de géant. Il grimaça de dépit. Bonjour la discrétion ! Heureusement sa femme avait le sommeil lourd. Il s'installa plus confortablement et écouta, agacé, le bruit que faisaient son fils et son ami en montant les escaliers. La chambre de Sorbet était, avec le reste des pièces de la maison, au premier étage ; au rez-de-chaussée se trouvait le bar, et à l'étage au-dessus la chambre de Godhan où celui-ci et Link devaient passer la nuit. L'escalier faisait justement un palier devant la porte de Sorbet, mais les deux imbéciles avaient l'air de l'avoir complètement oublié et chantait ouvertement des chansons paillardes. Pour l'instant Sorbet était coincé mais le lendemain, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir ! Enfin les deux affreux étaient passés, par miracle Ciela continuait à dormir (à se demander si elle n'avait pas bu elle aussi... il lui poserait la question demain...). Il l'embrassa tendrement, se retourna et s'endormit.

Il fut réveillé presque aussitôt par un boucan du diable. Bon sang ! Ces sales gosses allaient l'entendre ! Furieux il sortit dans le couloir... Et trébucha sur son fils qui gisait, évanoui sur le palier. « Godhan ! » Il se pencha sur le jeune homme, qui reprenait déjà connaissance. « Papa...Link s'est... » Sorbet leva les yeux.

Link se tenait en haut des marches, grimaçant, la tunique et les cheveux entièrement blancs. Il était protégé par une lourde cuirasse. Des stries rouges et bleues parcouraient son visage. Ses yeux vides semblaient vous aspirer dans un monde de néant et de haine. Non... ça ne pouvait pas être Link...

Sorbet aida son fils à se relever, du sang lui coulait du front, mais la blessure était superficielle.
« Godhan, il va falloir que nous assommions cet imbécile.
-Mais... Qu'est-ce qui lui arrive ? Ce n'est pas Link...
-Pas vraiment non... En tout cas, il faut le conduire d'urgence à la Princesse.
-Attention ! »